D’origine très ancienne, la ville de Stavelot ne compte malheureusement presque plus de témoins architecturaux datant d’avant 1689, année où un grave incendie ravagea la capitale de la principauté abbatiale. Après le drame, bien des édifices sont reconstruits de manière traditionnelle, en pans-de-bois, bien que ceux-ci aient souvent été masqués par des enduits ajoutés à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Ce n’est pas le cas de cette bâtisse qui a conservé son ossature en pans-de-bois de même que sa voisine, toutes deux érigées au XVIIIe siècle ou peut-être même au siècle précédent. Terme technique, pans-de-bois désigne un ensemble de pièces de charpente assemblées dans un même plan et que l’on appelle indifféremment colombages. Ceux-ci peuvent prendre diverses formes : à grille, en croix de Saint-André ou, comme ici, en quadrillage. Les poteaux de bois sont remplis de hourdis en briques, en plâtre ou en torchis. On y découvre aussi des blochets, de courtes pièces de charpente placées en oblique entre deux pièces horizontales. Dressée sur un soubassement en moellons, elle est couverte d’une bâtière d’ardoises percée d’une lucarne à fronton triangulaire. Elle a conservé un battant de porte et une imposte caractéristiques des modifications architecturales opérées au XIXe siècle. Cette belle maison, comme d’autres, est postérieure à l’incendie et constitue un témoin exceptionnel pour la compréhension de l’évolution de l’architecture en pans-de-bois au XVIIIe siècle. À Stavelot, les ossatures se simplifient, les baies s’agrandissent et la matière première est économisée : les constructions en bois s’adaptent au goût du temps et au changement de leurs fonctions.
Classement comme monument le 20 octobre 1978