En Wallonie, les terrils font partie du paysage. Ces montagnes artificielles créées par les charbonnages caractérisent de nos jours les bassins industriels. De Bernissart à Blegny, 1200 terrils dont 340 majeurs constituent une chaîne de 200 km traversant 43 communes. Sur ces déchets de la mine formant de hauts cônes, la nature a repris ses droits ; le vert y a remplacé le gris. Le schiste, le charbon, l’anthracite et les métaux lourds comme le plomb et le zinc ont permis à près de 300 espèces végétales de se développer sur ces tertres artificiels. Ces conditions ont favorisé l’arrivée de nombreuses espèces animales parmi lesquelles une quarantaine de papillons et une vingtaine de coccinelles différentes. Le criquet à ailes bleues, seul criquet protégé en Wallonie, s’y est lui aussi installé et en est devenu la mascotte. Les terrils constituent dès lors un témoignage non seulement naturel et patrimonial, mais également social et historique. Ils témoignent d’un passé révolu, d’une époque où l’industrie propulsait la Wallonie au rang des grandes nations et façonnait des montagnes. Beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui des zones protégées classées comme site ou en zone Natura 2000 et sont devenus des lieux de promenades privilégiés apportant la campagne aux abords même des zones urbanisées.
Certains sont également classés. C’est le cas du terril no 12 à Noirchain, situé sur la route de Mons à Bavay avant le carrefour de la Mort, s’élève à 123 m et domine le paysage par son ampleur et sa hauteur. Il témoigne de l’exploitation minière de la région achevée à la fin du XIXe siècle mais entreprise de manière plus artisanale deux siècles auparavant. Vers 1900, le charbonnage s’étend sur 300 hectares sous le village de Noirchain. Les puits descendaient de 55 à 550 m de profondeur. L’activité cesse dès 1933 et, en 1942, il est décidé de boiser le terril afin de la stabiliser. Celui-ci occupe une surface de 6,07 ha.
Classement comme site le 12 avril 1991