Il est un folklore wallon qui attire toujours autant la curiosité et la sympathie. Bien que planter un clou dans un arbre pour guérir, clou qui y sera souvent accompagné de milliers d’autres, ne soit scientifiquement pas défendable, la tradition a traversé le temps jusqu’à nous. Pratique rurale par excellence, on aurait pu croire qu’elle n’était plus qu’un lointain souvenir. Pourtant, quand on examine en détail les vieux troncs, de nouveaux clous bien brillants côtoient discrètement leurs aînés, témoins d’une croyance ancestrale. Interface entre le ciel et la terre, l’arbre possède une symbolique extrêmement riche : passeur de messages, vecteur de vie et pouvoir de guérison. Le principe de la guérison par transfert est simple. Un clou en fer (ou une loque) est frotté contre la partie du corps souffrante. Le matériau réputé maléfique attire et retient les émanations négatives. Celles-ci sont transférées à l’arbre puis annihilées par celui-ci lorsque le clou y est enfoncé.
Le chêne Saint-Antoine de Herchies (Jurbise), surnommé el quêne à claus, est un illustre représentant de la pratique. Toujours utilisé par les habitants de la région, le chêne originel aurait été planté au XVIIe siècle. La ferveur populaire est parfois si forte que, lorsqu’un arbre à clous est malade ou sur le point de s’effondrer, il est remplacé par un de ses voisins proches. Le chêne à clous de Herchies en réalité un tout jeune individu. Le premier chêne a été abattu par la foudre en 1961. Quelques années auparavant, le propriétaire du terrain avait planté à ses côtés un arbrisseau. Le tronc du vieux chêne, couché sur le sol et en train de pourrir, a été récupéré vers 1964 et est entré dans les collections du musée de la Vie wallonne à Liège. Proche de l’arbre, la chapelle Saint-Antoine de Padoue est une potale en calcaire, édifiée en 1873 et caractérisée par son profil élancé.
Classement comme site le 1er avril 1985