Dessinée par Paul Jaspar, la maison Van der Schrick a été bâtie en 1905-1906 en style Art nouveau. Le savoir-faire de l’architecte dans l’utilisation du béton armé s’illustre notamment au niveau des planchers et plus particulièrement au niveau du dernier étage qui supporte une citerne d’eau. D’autre part, Jaspar n’hésite pas à laisser ce matériau apparent à certains endroits intérieurs et il en fait de même avec divers éléments de l’ossature métallique. Enfin, il est l’un des premiers à avoir recours à la toiture plate pour une maison unifamiliale. Pour l’époque à Liège, ces approches sont résolument tournées vers la modernité et permettent de considérer Paul Jaspar comme un précurseur de l’architecture moderne.
Depuis l’espace public, l’édifice témoigne d’une esthétique épurée typique du style Art nouveau géométrique : asymétrie dans la distribution des baies, arc outrepassé au niveau de la porte et de certaines baies, baie d’imposte décorée d’un fer forgé au dessin typique, toiture plate, utilisation de briques vernissées blanches et soubassement entièrement de calcaire. Jaspar abandonne la pierre dans l’encadrement des baies et réduit son usage aux rares sculptures d’ornementations et bandeaux décoratifs. Il propose somme toute un édifice avec peu de fioritures. Seuls les bandeaux en pierre et la loggia du premier étage apportent du relief à cette façade.
En y regardant de plus près, certains détails sont élégants et soigneusement conçus. La porte d’entrée monumentale est surmontée d’un arc brisé outrepassé dont la grille est en place, mais le vitrail a disparu. Le premier étage est pourvu d’une loggia de bois à trois pans. Le deuxième étage est percé de quatre baies identiques à arc brisé outrepassé. En 1911, l’architecte rehausse le bâtiment d’un étage ce qui porte à quatre le nombre de niveaux. Il distribue les baies symétriquement à celles de l’étage inférieur, ce qui accentue l’allure verticale de la façade. C’est à ce moment qu’il décide de surmonter l’immeuble d’une corniche débordante de plan triangulaire encadrée par deux statues de singes assis se faisant face. Ils ont été sculptés par Oscar Berchmans et se distinguent par leur taille imposante qui leur confère une plus grande visibilité depuis le sol.
Classement comme monument (façades et toitures ; structures portantes dont les dalles de béton du rez-de-chaussée et du deuxième étage ; hall d’entrée avec son sol en mosaïque et ses menuiseries pourvues de verre martelé ; les menuiseries intérieures (lambris, portes, armoire monte-plats) ainsi que la cage d’escalier ; le garage et les murs de clôture du jardin) le 18 avril 2023.