Cet ancien sanctuaire paroissial dépendait entre le XIIe et le XVIIIe siècle du chapitre de la collégiale Saint-Barthélemy de Liège qui en détenait la collation (le droit de nommer le curé) et la décimation (prélever la dîme, impôt ecclésiastique). Désaffecté dès 1907 pour être remplacé par une nouvelle église un peu plus loin, il s’est progressivement dégradé. Cette intéressante construction possède une tour occidentale érigée en tuffeau de Lincent, probablement au XIIe siècle. Destinée à protéger les habitants en temps de troubles – l’épaisseur de ses murs avoisine les deux mètres –, elle a été édifiée à l’initiative de Godescalc de Morialmé, seigneur du lieu. Elle a été dotée d’un parement en silex renforcé de chaînes d’angle en calcaire à la fin du XVIIe siècle. Les parties hautes de la nef centrale datent également de l’époque romane et ont été bâties en tuffeau. Elle était percée de baies en plein cintre, obturées dès le XVIIIe siècle, à l’époque où ont été reconstruits les bas-côtés. De style classique, ils sont ouverts de fenêtres en pierre bleue à arc surbaissé. Le chœur, de style gothique, date du XIVe siècle. Il est éclairé par cinq fenêtres gothiques ayant en partie conservé leurs remplages anciens à motifs rayonnants. Abandonnée, l’église perd sa toiture et se ruine lentement jusqu’à la création à la fin des années 1930 d’un collectif de sauvegarde. Dans les années 1980, une opération de sauvetage a été lancée et a permis de consolider puis de restaurer les vestiges de ce très beau témoin de l’architecture romano-gothique.
Classement comme monument le 14 mars 1940