Construite en 1728, comme l’indique le chronogramme en façade, cette maison a longtemps été celle de deux chapelains avant d’être affectée à des prêtres séculiers. Elle a été édifiée à l’initiative de Marie-Philippine de Croÿ, veuve du marquis de Trazegnies. Elle présente un beau double corps à deux nivaux de type tournaisien, dont les extrémités sont prolongées vers l’arrière par de courtes ailes perpendiculaires. Le prestige du siècle de Louis XIV à travers l’Europe permet alors à de nouvelles influences stylistiques de parvenir dans nos régions. Une partie du Hainaut voit se développer un style architectural dit tournaisien, caractérisé par une réduction de l’utilisation de la pierre dans l’ornementation des façades. La pierre de taille est reléguée aux soubassements, aux chaînages d’angles et des baies. Le plus souvent, le reste de la maçonnerie de briques est recouvert d’un enduit, bien que cela ne soit pas le cas ici.
Montée sur un soubassement de moellons de grès, la façade est renforcée aux angles par une alternance de briques et de pierres calcaires et rythmée régulièrement par sept travées de baies inscrites entre des chaînes. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont dotées de contrevents ; celles placées à gauche de la porte étant légèrement plus bas, entamant ainsi la chaîne d’appui. Au-dessus de la porte d’entrée, on trouve une balustrade en pierre dont l’appui et le socle sont moulurés, formant l’allège de la fenêtre d’étage. Des tables saillantes en calcaire, aux angles coupés, rythment les autres allèges et l’entablement. Celles situées de part et d’autre de la balustrade sont gravées des inscriptions suivantes : « Pour le ciel à la mère, aimant faire ma cour aux ministres du fils, j’assigne ce séjour » et « Demande-t-on qui fit cette offrande à Marie, la naissance Croÿ, le sort dit Trazegnies ». Une corniche à modillons de bois sert d’appui à la saillante toiture plantée de trois lucarnes.
Classement comme monument le 7 juillet 1976