Le symbole de la croix existe bien avant le Christianisme ; il exprime alors le lien entre le ciel et la terre. Au 5e siècle, la croix apparaît sous la forme que nous lui connaissons et s’accompagne de la figure du Christ crucifié dès le siècle suivant. Dans nos régions, particulièrement sur le territoire de l’ancien duché de Luxembourg, de nombreuses croix de chemin balisent les voies de communication et indiquent un lieu saint, la limite d’une propriété ou d’une juridiction et protègent les récoltes et les voyageurs. Au 17e siècle, un regain de foi populaire s’opère dans les campagnes et s’accompagne de l’érection de nombreux témoignages (croix, calvaires, potales…). La croix vicinale conservée à Fraiture est une croix d’intersection, sculptée dans le schiste ardoisier en 1811. La production de croix votives ou vicinales en schiste est intimement liée à celle des croix funéraires situées dans les cimetières. Sous l’impulsion d’entrepreneurs-carriers qui en démocratisent les prix au 18e siècle, elles sont alors produites en nombre considérable. La région de Vielsalm comptait en outre de nombreux sites d’extraction de schiste ardoisier. Située dans le voisinage immédiat de l’église, arrondie aux angles des bras, la croix de Fraiture est frappée d’un Christ situé entre deux chandeliers. Cette représentation assez naïve de Jésus se trouve au sommet d’un haut socle orné de la représentation de Notre-Dame de Luxembourg, placée également entre deux chandeliers, et portant l’identification « Notre-Dame Consolatrice des Affligés ».
Classement comme monument le 9 décembre 1991