Considéré comme un des arbres les plus remarquables d’Europe, le vieux chêne (Quercus robur) de Liernu l’est notamment par ses dimensions – un tronc de 10,27 m de circonférence pour une hauteur de 18 m – et par son ancienneté. Élu Arbre belge de l’année en 2015, il est réputé être le plus gros arbre de Belgique, toutes espèces confondues. Malheureusement, son tronc s’est évidé au fil des ans, rendant toute analyse dendrochronologique quasiment impossible. Les naturalistes lui attribuent cependant au moins sept siècles d’existence. Cette constatation est intéressante dans la mesure où elle complète utilement les informations que livrent les sources historiques. La localité de Liernu, mentionnée dès la fin du Xe siècle, acquit, avec le développement des principautés territoriales, une importante valeur stratégique à la frontière entre le duché de Brabant et le comté de Namur, le comte de Namur étant le seigneur principal de la localité. Ainsi, dès la fin du XIIe siècle, les textes prouvent que Liernu constituait un village fortifié avec portes, tours et fossés. Ces remparts entouraient la butte naturelle au sommet de laquelle se trouve, de nos jours encore, l’église. Mais, dans le courant du XIIIe siècle, le centre du village s’est déplacé et, de ce fait, les habitants l’ont progressivement déserté. C’est peut-être cette circonstance qui a conduit le comte de Namur à n’octroyer une charte de franchises qu’à une partie seulement du village pour inciter les habitants à revenir s’installer dans l’entourage immédiat de l’église au sein de l’enceinte, et ce, pour que ceux-ci continuent à assurer l’entretien et la défense des remparts. C’est peut-être à cette occasion que fut planté le chêne de Liernu, symbole vivant à la fois des libertés récemment acquises et de l’autorité du comte qui nommait, dès 1290, les mayeurs et échevins, membres de la juridiction locale qui jugeaient en plein air toutes les matières « criminelles » et « civiles », probablement sous le chêne. Il s’agit là d’une ancienne tradition franque qui survécut durant tout le Moyen Âge dans certaines localités, malgré les capitulaires de Charlemagne et de Louis le Pieux qui prévoyaient que les assemblées judiciaires devaient se tenir sous un toit pour les protéger du soleil ou de la pluie.

Classement comme monument le 4 avril 1939

Inscrit sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie

  • Source: Agence wallonne du Patrimoine