Implanté à proximité de l’église Notre-Dame, dans une des principales rues d’un quartier de la ville dédié à l’industrie (tannerie, verrerie), l’hôtel Bequet a été érigé en style traditionnel en 1723, comme l’indique un millésime présent sur la façade arrière.
Assis sur un soubassement en calcaire, le bâtiment aligne au premier niveau une entrée cochère, suivie – à l’origine – d’une une entrée piétonne, puis deux fenêtres rectangulaires jadis munies de croisée. L’arc à anse de panier de l’entrée cochère s’inscrit dans un panneau rectangulaire ; clé, impostes et bases sont saillantes. Aux deuxième et troisième niveaux se succèdent, à un rythme serré, cinq fenêtres de même type que les précédentes, celles de la première travée plus étroite, ici jadis à simple traverse. Ces percements disposent d’encadrements en calcaire, ourlés d’un listel, et reliés par des chaînes horizontales au niveau des appuis et des linteaux, tandis qu’une bande verticale marque les anglées. Une corniche profilée en calcaire souligne l’élévation, sous une haute bâtière d’ardoise.
Lorsque Alexis Bequet (1824-1876) acquiert le bâtiment, il n’impose que relativement peu de modifications à cette élévation héritée du XVIIIe siècle, mais entreprend à partir de 1870 son agrandissement, ainsi que la révision complète de sa distribution intérieure, qu’il modernise avec faste dans le style éclectique du Second Empire.
Précieux maillon dans l’histoire de l’habitat urbain arrivé jusqu’à nous grâce aux soins attentifs de ses propriétaires successifs, l’hôtel Bequet constitue une synthèse de deux expressions de la vie bourgeoise : celle de l’Ancien Régime, puis celle du XIXe siècle. Si le bâtiment s’inscrit sans heurt dans l’enfilade XVIIIe siècle de la rue Saint-Nicolas, il crée la surprise dès l’entrée cochère franchie : la sage élévation traditionnelle fait écran à la grandiloquence caractéristique du Second Empire. La qualité et la richesse des décors sont particulièrement remarquables, de même que le mobilier conservé. La distribution intérieure est aussi révélatrice de l’organisation domestique et sociale du temps : pièces de représentation au premier niveau et espaces privés aux niveaux supérieurs, disjoints des espaces de service. Enfin, les serres comptent parmi les derniers exemplaires conservés à Namur, témoins de l’engouement qui a existé pour ce type d’espace à partir du milieu du XIXe siècle, et de l’extraordinaire essor de l’industrie métallique dans tous les domaines de la construction.
Classement comme monument et établissement d’une zone de protection le 19 février 2021