En septembre 1944, alors que la Belgique est en train d’être libérée par les forces alliées, l’armée allemande en retraite se livre à des dernières atrocités sur le chemin du retour. Les civils en furent malheureusement principalement les victimes. C’est le cas dans le village de Forêt. Son château, imposante bâtisse néomosane, reconstruite après la Seconde Guerre mondiale, servait durant le conflit de quartier-général aux membres de l’Armée Secrète, un des principaux groupes de résistance en Belgique. Ces résistants vont faire l’objet de terribles représailles le 5 septembre 1944. Les soldats allemands montent à l’attaque de la ferme Dumonceau, dans laquelle une centaine de résistants sont retranchés et en manque criant d’armes et munitions. Six d’entre eux meurent au cours de cette attaque. Bien qu’ayant pris la fuite au cours de la nuit, une centaine de maquisards reviennent à Forêt au matin du 6 septembre. Une colonne de trois cents soldats allemands encercle les bâtiments dans lesquels sont retranchés les membres de l’Armée Secrète et procèdent à un carnage durant 1h30 avant de bouter le feu au château et à la ferme Labeye. Le bilan est dramatique : trente-six résistants meurent au cours de l’attaque et soixante-cinq autres sont emmenés à la Citadelle de Liège pour y être fusillés. Seuls vingt-deux d’entre eux furent toutefois exécutés. Le bilan de la tragédie de Forêt-Trooz est cependant terrible : soixante-quatre résistants y ont perdu la vie.

Après la guerre est entreprise la construction d’un imposant monument-crypte, sous la direction de l’architecte Joseph Godron, assisté du tailleur de pierre J. Leduc et de l’artiste Robert Massart. Bâti en mai 1949, il est destiné à abriter les dépouilles de onze résistants dont les corps n’ont pu être identifiés. Inauguré le 4 septembre de la même année, à l’occasion du cinquième anniversaire de la tragédie, il est caractérisé par son imposante statue représentant un maquisard debout et vêtu de l’uniforme salopette de l’Armée Secrète. La partie centrale à l’avant du monument est frappée d’une inscription latine signifiant « En mourant d’une manière cruelle, soldats de l’ombre, vous avez dit : nous voulons une liberté immortelle ». Plusieurs plaques, apposées aux quatre coins du monument, portent les noms des résistants morts et disparus.

Classement comme monument et comme site le 4 mai 1983

  • Source: AWaP